Présentation du film
film de Gabriela Pilcher (2013, 1h40min)
La Suède et ses exclus.
Rasa est une jeune suédoise énergique. Elle est née pas très loin de Malmö de parents musulmans venus de l'ex-Yougoslavie. Elle est ouvrière, elle emballe la salade locale. Dans l'usine, l'ambiance est bonne, la paie suffit pour elle et son père qui a mal au dos et ne peut plus travailler. Rien d'extraordinaire, mais l'insouciance de la jeunesse aidant, Rasa est joyeuse et plutôt satisfaite de son emploi et de sa vie. Jusqu'au moment où elle apprend que l'entreprise doit licencier.
Les patrons inflexibles de cette PME inclinent plus naturellement vers le paternalisme que vers la clarté. Malgré leurs explications embarrassées, Rasa ne comprend pas selon quels critères son nom figure sur la liste de ceux qui partent. Elle n'est pas parmi les derniers embauchés (ce principe du «modèle suédois» est rappelé) et ses performances sont bonnes et reconnues comme telles.
La force de ce premier film plein d'humanité vient de l'actualité et de la justesse de cette histoire de quelques mois dans la vie d'une ouvrière.
Il n'y a ni complaisance à l'égard du « modèle suédois » ni satisfaction perverse à montrer la face sombre de la Suède en donnant raison à ceux qui « nous l'avaient bien dit que ça ne marchait pas ». C'est l'inquiétude qui domine. Inquiétude devant les maux d'une société dans laquelle les moyens semblent manquer, les discours devenir inaudibles et les institutions tourner à vide, au moment même où nous en aurions le plus besoin. Inquiétude devant l'évolution de la société suédoise accueillante et intégratrice, 20% de la population y est d'origine étrangère, et qui devient à bas bruit intolérante et excluante.
Ce que ce film rare dit de la Suède, nous concerne tous.
|